Le nectar est un suc sécrété généralement par les nectaires des plantes nectarifères ou mellifères
Fonction
Cette substance possède, par son goût ou son odeur, un pouvoir d'attraction sur les insectes, certains oiseaux ou certains mammifères qui y trouvent une source de nourriture.
Production
Schéma représentant la voie possible de la sève élaborée (pré-nectar) des tubes cri-blés (tc) vers les stomates (st) : la ligne continue représente la route apoplastique, le pointillé la route symplastique. La sève est transférée des tubes criblés (tc) dans le parenchyme du phloème (pph) par invaginations de la paroi de cellules compagnes (cc). Il est ensuite transféré en tant que pré-nectar à travers le parenchyme sub-nectarifère (psn) et par la suite transformé en nectar dans le parenchyme nectarifère (pn).
Source : Pacini E., Nepi M.2007, Nectar Production and Presentation in Ch4 Nectaries and nectar
La sève élaborée qui circule dans un ensemble de vaisseaux appelés ʺphloème" et qui se forme dans les feuilles par photosynthèse devra être distribuée dans un circuit descendant à l’ensemble de la plante.
Recherche de nectar, riche en eau et en sucre ,surtout en saccharose s'accumulant au fond du tube floral (contenance du jabot d’une abeille mellifère: 50 à 70 µl de nectar).
Carousel des fleurs visitées
La production de nectar se fait essentiellement au niveau des nectaires floraux dits aussi intrafloraux. Ils sont responsables de la production du nectar destiné à attirer les pollinisateurs. Parmi les organes floraux on retrouve les ovules, les étamines, le calice, la corolle ou le réceptacle .
Les nectaires extrafloraux sont situés principalement sur les feuilles, et à l'occasion sur les tiges, les stipules, les inflorescences et les fruits..
Composition
La composition du nectar varie d'une fleur à l'autre sur la même plante, d'une plante à l'autre dans la même espèce, et d'une espèce à l'autre. Elle varie aussi selon le terrain où croissent les plantes, les circonstances météorologiques, les différentes heures de la journée ou le mode de pollinisation.
Ses principaux constituants sont :
Eau
Le contenu en eau du nectar est très variable en fonction du climat dans lequel se retrouve la plante, et même du microclimat créé dans la fleur. Cette eau peut provenir du phloème et du xylème, ou encore seulement du phloème. L’eau contenue dans le nectar peut, au même titre que le sucre, être un attracteur pour les pollinisateurs en milieu sec.
Sucres
La composition des sucres du nectar est très stable au sein d'une même espèce mais variable selon les espèces. Le nectar est composé essentiellement d'eau, de 7 à 70 % (% massique) de fructose, de glucose et de saccharose en proportions diverses. Ces sucres proviennent de la sève du phloème, de l’amidon stocké dans le parenchyme ou encore de la dégradation de certaines parties des nectaires.
Rappel sur l’hydrolyse
L'hydrolyse est un phénomène chimique qui, en présence d'eau, décompose un élément en éléments plus simple. A température ambiante (20°C) cette réaction est lente mais plusieurs facteurs peuvent l'accélérer :
- La température : plus elle est élevée mieux c'est.
- Le pH : un pH acide (<6) est nécessaire.
- La concentration : il ne faut pas trop d'eau.
- La présence d'enzyme (l'enzyme dépend du produit à hydrolyser)
Dans une ruche c'est principalement l'hydrolyse du saccharose, contenu dans le nectar, qui a lieu.
- Pour le saccharose l'enzyme est invertase.Cet enzyme se trouve naturellement dans le jabot des abeilles.
- La température est celle de la ruche (35°C)
- La concentration est assurée par l'évaporation de l'eau du nectar grâce à la ventilation de la ruche.
Le résultat de l'hydrolyse du saccharose pur est un mélange à parts égales de glucose et de fructose, appelé sucre inverti.
La dégradation (ou hydrolyse) du saccharose lors de la digestion est réalisé par une enzyme et l'addition d'une molécule d'eau. Cette réaction libère une molécule de glucose et une molécule de fructose.
C12H22O11 (saccharose) + H2O (eau) → C6H12O6 (glucose) + C6H12O6 (fructose) .
La transformation du nectar en miel
Une fois butiné, le nectar est transporté vers la ruche grâce au jabot des abeilles. Arrivées à la ruche, les abeilles butineuses le transmettent aux abeilles receveuses par trophallaxie, grâce à une enzyme présente dans leur salive, l'invertase, les abeilles transforment petit à petit le nectar en miel. Cette enzyme transforme le saccharose en glucose et fructose.
Nota : Le miel est plus digeste que le sucre blanc car le fructose et le glucose sont directement assimilés par le corps contrairement au saccharose
Compléments scientifiques du Laboratoire Cetam Lorraine
On distingue différents types de nectaires :
- Morphologiquement non différenciés
- Nectaires histoïdes : les plus fréquents.
- Nectaires floraux organoïdes, surtout chez les renonculacées
Les nectaires volumineux possèdent une vascularisation propre provenant majoritairement du phloème mais quelquefois également du phloème et du xylème voire même presque entièrement du xylème comme chez Fritillaria imperialis L. Le nectar est alors très dilué et donc peu concentré en sucres (quelques %) alors que la concentration peut atteindre 50 % pour les nectars élaborés à partir du seul phloème.
La composition en sucres dépend de l’origine florale avec :
- Des nectars à saccharose prédominant ;
- Des nectars à taux égaux de saccharose, fructose et glucose ;
- Des nectars avec prédominance du glucose et du fructose. Dans ce dernier cas, c’est en principe le fructose qui prédomine avec un rapport
Fructose/Glucose (F/G) pouvant aller de 2 à 28.
Les nectars contiennent également des acides organiques, des acides aminés, des amides, des polypeptides et des protéines, des enzymes, vitamines, sels minéraux et des composés aromatiques qui jouent un grand rôle dans la reconnaissance et les échanges alimentaires qui existent au sein de la colonie d’abeilles (marqueurs olfactifs). Ce sont également qui vont communiquer à chaque miel des caractéristiques sensorielles particulières et originales.
La composition des nectars (et donc des miels qui en découlent) est profondément différente de la plante. Par exemple, le nectar des menthes
(Mentha spp.) ne contient pas de menthol alors que celui des tilleuls (Tilia spp.) en contient toujours beaucoup.
Le nectar provient donc généralement de la sève élaborée présente dans le phloème dont la partie sucrée est issue de la photosynthèse. Il s’agit néanmoins d’une sécrétion produit à partir d’organes plus ou moins différenciés ce qui fait que la composition des nectars est différentes de celle des phloèmes.
Paul Schweitzer - Directeur et chargé de Recherches .